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b) Les pièges des sondages

 

La manipulation peut aussi passer par la présentation des sondages. Tout d'abord, le piège de la mise en scène des résultats est très utilisé par les journalistes. Les journaux sont censés résumer le mieux possible et de manière objective les informations chiffrées. Mais en réalité ils emploient parfois l'exagération graphique, ce qui consiste à représenter les réelles informations chiffrées tout en jouant sur la représentation de la courbe. Les médias présentent les résultats selon leurs envies, des fois de manière peu pertinente. Comme le montre le graphique ci contre, issu du journal Libération du 11 janvier 2012 :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ci-dessus, la courbe de popularité d'Eva Joly semble chuter en seulement trois mois, ce qui attire l'attention et traduit un réel effondrement de la popularité de cette personne. Or, en lisant les chiffres, on se rend compte qu'elle n'a « perdu » que deux points, ce qui est, au niveau des sondages, une perte vraiment insignifiante.

Les sondeurs s'appuient aussi sur des chiffres pris hors du contexte, c'est à dire que l'information est résumée en un chiffre idéal pour tromper les opinions par la suite. Les journaux sont parfois prêts à livrer des scoops pour faire augmenter leurs ventes mais il faut toujours se méfier parce qu'il en est rien en vérité. L'exemple du Parisien du 14 septembre 2010 est très frappant, la question posée était « quel candidat souhaiteriez vous voir représenter la droite en 2012 ? » et les réponses des sondés sont sans appel 15% répondent Nicolas Sarkozy et autant de sondés répondent Dominique de Villepin. Lorsque l'on regarde les véritables résultats sur le site de l'institut ayant mené l'enquête, nous remarquons que les sympathisants de droite ont quand à eux répondu Nicolas Sarkozy à 39%  et Villepin à 11%.  Il y a sans aucun doute la mise en place d'un piège. En effet, les interprétations des journalistes sont parfois orientées pour alerter le parti adverse, et l'inciter à se mobiliser .

L'absence de contexte peut aussi mener à des interprétations biaisées. Comme l'exemple, dans l'édition du 9 janvier 2012 de Libération, des 30% des électeurs qui n'excluraient pas la possibilités de voter Le Pen :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais il y a une question qui vient très vite : d'où proviennent les 30% ? Ces 30% sont « la somme des pourcentages des personnes ayant répondu qu'elles voteraient certainement ou probablement Marine Le Pen (18%) et de celles qui répondent qu'elles n'envisagent pas de lui donner leur voix  mais qui n'ont pas encore décidé pour qui voter (12%) ».  Les médias aiment beaucoup les formules qui accrochent l'attention des lecteurs mais il faut essayer de s'en méfier. Cela montre que les journaux utilisent parfois le piège des chiffres. Le chiffre 30 en grosses lettres donne le sentiment que le journal cherche à créer une réaction chez le lecteur, il ne doit pas rester indifférent à cet article, qui doit paraître important, et qui souhaite de toute évidence alarmer, surprendre ou même choquer le lecteur. De plus le piège du manque de recul est à noter. L'article du zoom du moi du Science et Vie d'avril 2012 nous apprend qu'un sondage d'intentions de vote pris isolément a 5% de chances de donner des résultats très éloignés de la réalité. De plus, il faut préférer étudier l'évolution d'une tendance sur le long terme plutôt que de se focaliser sur les chiffres d'un sondage publié à un moment précis. Nous pouvons citer l'exemple des élections présidentielles de 2002 où Jean-Marie Le Pen était passé au second tour au détriment de Lionel Jospin. Aucun sondage n'avait placé le candidat frontiste devant celui du parti socialiste, pourtant sondage après sondage, les écarts d'intention de vote entre les deux se resserraient.

Un autre piège est à signaler : celui de l'approximation des chiffres. Les intentions de votes d'un échantillon ne sont pas celles de la population entière donc les résultats ne sont pas extrêmement représentatifs. Il faut ainsi se méfier des analyses trop fines et complexes car cela peut être un piège. C'est ce que l'on appelle l'illusion de la précision. En effet les sondeurs procèdent à un sondage auprès d'un échantillon de la population: des échantillons aléatoires de 1000 personnes sont souvent utilisés, et statistiquement, si on exagère les résultats pour la population entière, la proportion des électeurs ayant l'intention de voter pour un candidat se situe dans une fourchette de 3 points. « Une variation d'intention de vote inférieure à 3 points entre deux sondages consécutifs ne signifie donc rien » d'après l'article sur « les pièges des sondages » du Science et Vie n°1135. De plus, beaucoup de sondés changent d'avis sur leur vote par la suite. Un autre problème est à relever ; l'imprécision du redressement. Comme les intentions de vote pour les candidats extrémistes sont souvent sous-déclarées et que les sondés indécis répondent généralement en faveur du candidat mainstream, c'est à dire le candidat populaire, en tête des sondages, les instituts de sondages doivent « redresser » un sondage avant de le publier, en le comparant avec des résultats d'élections antérieures, ce qui n'est de toute évidence pas toujours très fiable.

En outre, depuis que les sondages sont apparus, des effets potentiels autour des intentions de votes des citoyens sur le choix électoral ont été observés. En effet deux effets ont été mis en évidence par la science politique américaine. Le premier est l'effet bandwagon, il consiste à inciter les citoyens à délaisser leurs opinions pour rejoindre l'opinion de masse. C'est à dire qu'il consiste à encourager la population à voter pour le candidat en tête (son nom signifie d'ailleurs « prendre le train en marche »). Maurice Druon qualifie cette méthode de « pollution démocratique » car il est vrai que l'effet de masse est une technique assez efficace. A l'inverse le deuxième effet, appelé underdog (ou boomerang), vise à rendre sympathique le candidat en retard dans les enquêtes médiatiques. L'effet underdog voudrait donc éviter le sort que les sondages prévoient à ce candidat et ainsi le faire remonter dans les votes. Il agit auprès d'une population qui ne sait pas vraiment quel candidat choisir, ou auprès d'individus qui ne soutiennent que faiblement le candidat initialement choisi.

 

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